Le «système» suisse est bon et efficace;
la réussite de son économie en est une de ses manifestations, et sa prospérité est
essentiellement engendrée par l’aptitude des femmes et des hommes qui forment,
par leurs compétences et assiduité, le béton de la réussite.
Et quel serait le secret de fabrication
de ce liant? Pas besoin de chercher bien loin, je vous le donne en mille: la Paix du Travail...
Cette convention qui fut signée le 19
juillet 1937, entre Associations patronales et Fédérations des ouvriers, instituait la paix absolue du travail. Elle interdisait pendant sa durée (2
ans) les mesures de combat et prévoyait l'arbitrage en cas de conflits ayant
pour objet des modifications générales des salaires. Pour résumer, on pourrait
dire: «pas de grève, pas de Lock-out» (suppression,
par l'employeur, de la possibilité pour le salarié de travailler). Le CCT (Contrat ou Convention collectif(ve) de
travail) était mûr. Mature, car c’était déjà en 1911 qu’il entrait
officiellement dans le nouveau Code des obligations.
Cependant,
malgré la grande réussite du système suisse, malgré les compétences et
l’assiduité des travailleuses et des travailleurs de ce pays, le marché du
travail se caractérise, par une protection de ces mêmes travailleurs bien en
dessous de nombre de nos voisins européens. Chez nous seuls 50% des salariéEs
sont soumis à un CCT. Et ce CCT est devenu un alibi, un lapin magique que le
monde patronal et ses représentants politiques de droite sortent de leurs
chapeaux à chaque fois que des demandes explicites s’expriment par voies
démocratiques. Les récents exemples de l’initiative
1-12 et du Salaire minimum en
sont des preuves flagrantes. «Aucun besoin d’instaurer ces contraintes» qu’ils
disaient, «la Suisse et les relations entre patronat et travailleurs doivent
être régies par les partenariats sociaux et par les Contrats collectifs de
travail». Et qu’importe les laissés pour compte…
Mais que
se passe-t-il dans le monde réel? Les partenariats sociaux quand ils ne sont
pas carrément rompus, sont dénoncés, détériorés et renégociés de manières
scandaleusement rétrogrades. C’est un retour vers le XIXe siècle qui est en
point de mire. Un exemple qui m’est cher: le domaine de l’industrie graphique,
représenté par Syndicom et Syna, avait
obtenu lors de la dernière négociation, au prix de sacrifices significatifs, la
Déclaration de Force obligatoire (DFO), soit l’obligation par toutes les entreprises de la
branche, signataires ou non, d’appliquer le CCT; cette DFO devait être avalisée
par le SECO (Secrétariat d’Etat à
l’économie) avant application. Or que s’est-il passé? A force de mauvaise
volonté et de trainage de pieds de la part de VISCOM (association patronale),
cette DFO n’est toujours pas en vigueur. Et ces derniers viennent de résilier le
CCT, celui-ci venant à échéance fin 2015. Ils ont donc obtenu ce qu’ils voulaient,
anesthésié ce qu’ils ont promis, et cerise sur le gâteau, réclamé, pour le
prochaine négociation, une augmentation
du temps de travail pour tous les travailleurs de 40 à 44 heures. Ce «foutage
de gueule» est un irrespect crapuleux.
Ils piétinent la paix du travail, en oubliant ce que cela peut engendrer...
Il existe
encore fort heureusement des entreprises intègres et valeureuses qui refusent,
pour l’instant, de briser cet équilibre qui leur a valu prospérité et réussites.
Qu’elles continuent à résister, et que les travailleuses et travailleurs se
tiennent prêts, la tête haute.
Ne pas être syndiqué, c’est prendre son bus sans payer sa course.
Sion
Le peuple.VS du 8 mai 2015
Ne pas être syndiqué, c’est prendre son bus sans payer sa course.
Jean-Pierre Bodrito
Conseiller général
Le peuple.VS du 8 mai 2015
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire