vendredi 23 décembre 2016

Minuit cinq après Uber



Un mot est entré dans la Vox Populi : UBERISATION.


Wikipedia donne cette signification de ce néologisme : L'uberisation, du nom de l'entreprise Uber, est un phénomène récent dans le domaine de l'économie consistant à l'utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi-instantanée, grâce à l'utilisation des nouvelles technologies. La mutualisation de la gestion administrative et des infrastructures lourdes permet notamment de réduire le coût de revient de ce type de service ainsi que les poids des formalités pour les usagers. Les moyens technologiques permettant l'« uberisation » sont la généralisation du haut débit, de l'internet mobile, des smartphones et de la géolocalisation. L'uberisation s'inscrit de manière plus large dans le cadre de l'économie collaborative. Ce concept s'oppose en fait à celui connu depuis des générations, et particulièrement depuis les trente glorieuses, c'est à dire le monde fixe et réglementé du salariat.


Passez-moi ce copié-collé, mais ces quelques phrases indiquent précisément qui est ce nouvel « ennemi » que nous devrons affronter. Et une fois n’est pas coutume, le patronat tel qu’il existe encore aujourd’hui se retrouve lui-aussi en péril.


Si pour les employeurs ces nouveaux venus deviennent plus que concurrentiels, de par leur non-respect, entre-autres des codes et taxes en vigueur, pour les employés et par conséquent les syndicats, l’apparition de ce nouveau type de fonctionnement s’apparente à une pluie acide qui dissout tout sur son passage. Droits des travailleurs, conventions collectives, existence même du syndicalisme. Ils ne respectent RIEN et mettent en péril les droits acquis et en vigueur dans les entreprises mises en difficulté.


Pourtant la société n’a pas attendu aujourd’hui pour voir apparaître les prémices de cette gangrène. Observons nos professions respectives. Cela a parfois été dû aux avancées technologiques. Il n’y a pas si longtemps, dans l’industrie graphique, une belle partie du portefeuille-client consistait à l’impression des enveloppes, des en-têtes de lettre ou cartes de visites. Aujourd’hui avec l’avènement des imprimantes à bas-pris, n’importe quelle entreprise peut, sans l’aide de quiconque, s’auto-suffire. Et vous savez mieux que quiconque, dans vos métiers, les dégâts que vos professions ont endurés. Le domino des nouveautés est inarrêtable. Du livret de récépissés orange au bureau de poste au paiement eBanking, que de changements et de dégâts. Une anecdote : lors de la contraction d’un petit leasing il y a deux mois, la banque en question me conseillait vivement de faire mes paiements via eBanking, les règlements par le bureau de poste seraient surtaxés. Ou encore la fermeture, parmi tant d’autres, du bureau de poste de l’hôpital de Sion a démontré, s’il le fallait encore, l’agonie du Service public. Du cynisme à l’état pur.


UBER ou AIRBNB n’ont naturellement rien à voir avec ces derniers exemples, mais ils provoquent le même genre de dégâts. Et notre axe de défense doit être le même. Consolider le taux de syndicalisation, et obliger ces nouvelles entreprises à respecter leurs travailleurs. Les moyens de lutte, nous les connaissons. A nous de jouer…

NO PASARAN !


Jean-Pierre Bodrito
Edito du bulletin "Poste Vaud et Valais" - décembre 2016

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