samedi 11 octobre 2014

Des cavernes à l’iPhone 6, du sabre au drone

Dans nombre de domaines, le cours de l’Histoire a permis à l’Homme de s’améliorer. Je prends en marche le train de la théorie de l’évolution à l’escale  «Homo Sapiens». En quelques milliers d’années, notre espèce a passé, et je vais simplifier,  des cavernes à l’iPhone 6. Nous avons appris de nos parents, découvrons à notre tour et enseignons à nos enfants. Et l’Histoire, de temps en temps, rectifie quelques fausses vérités. Et fort heureusement, ces avancées sont au «bénéfice» de l’Humanité, bien que nos professeurs n’aient pas tous les mêmes livres d’histoire. 

Et si nous empêchions quelques minutes notre Terre de tourner, que nous serait-il possible de constater? 

Au-delà des horribles blessures que nous avons infligées à notre planète, à son atmosphère, ses forêts, ses océans, ses terres et ses sous-sols, au sort que nous avons réservé à nombre d’espèces animales aujourd’hui disparues ou sur le point de l’être, l’Homo Sapiens n’a pas fait preuve -et c'est peu de le dire- de grand respect pour ses semblables. 

Selon l’endroit où le Grand Hasard de la Vie choisit de nous faire naître, les dés sont pipés. Et malgré les efforts que bon nombre font pour rétrécir le fossé des inégalités, nantis ou miséreux, Nord ou Sud, élus ou errants, il n’existe pas le moindre espoir, pas la moindre volonté de voir les grands de ce monde investir de quoi combler cet abyme d’injustices. Les budgets militaires sauraient pourtant donner à manger à toutes et tous. 

Et que voyons-nous encore, assis sur le bord de notre planète immobile? Les violences, toujours les violences, de tout temps, toujours si insoutenables et inhumaines. Des ancêtres de nos ancêtres jusqu’au début du XXe siècle, les gens s’étripaient, se tuaient à la lance, au coupe-coupe, à la hache, au sabre, au poignard, et j’en passe. 

Et la technologie vint au service des massacreurs, toujours plus performante et efficace. Si auparavant les rares survivants et l’état des victimes mutilées étaient les seules preuves des exactions, la technologie permit de prendre sur le fait, d’enregistrer, de filmer et de publier, au besoin et selon les opportunités, les massacres 2.0. 

Oui Daech commet des atrocités dignes de nos ancêtres, à la différence que la publication des décapitations réveille en nous les démons enfouis du passé. Tant que les ancêtres de nos ancêtres décapitaient, étripaient, émasculaient en catimini, à l’abri de la société, tout était convenable. Mais alors pourquoi, aujourd’hui, des femmes, des hommes et des enfants subissent ces mêmes atrocités dans l’indifférence presque générale? Afghanistan, Syrie, Gaza, combien sont-ils à avoir vu leur vie stoppée nette, leurs corps déchiquetés, leurs têtes explosées, leurs membres arrachés? 

Ces braves techno-militaires, faisant leur 8h-12h 13h30-17h, à l’aide de leurs joysticks pilotant leurs drones, qui massacrent d’un clic, par centaines des êtres humains, coupables d’habiter dans un rayon trop proche de cibles, sont-ils meilleurs que les bourreau de Daech?  

Ayant récemment visité Hiroshima, puis Nagasaki et leurs Monuments au Souvenir, et découvert avec horreur le sort des victimes et des survivants, je me demande alors que valaient ces hommes qui ont largué les 2 bombes. 

PS: nous venons d’apprendre que la Suède s’apprête à reconnaître officiellement l’Etat de Palestine: quelle vraie bonne nouvelle! 

 

Jean-Pierre Bodrito
Conseiller général
Sion
Le peuple.VS du 10 octobre 2014 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire