vendredi 18 février 2011

On est CHÉ nous

Quoi de plus légitime, que de se retrouver dans son « chez soi », dans sa maison, sa famille, son cercle, sa tribu, les synonymes ne manquent pas…  Légitime et naturel, mais pas évident en observant les millions de personnes forcées de vivre dans la rue, à la merci des nantis…


Pourtant l’historique de l’humanité, la genèse n’est composée que d’éternels déplacements, de longues migrations, de recherches d’espaces propices. Faisant fi des frontières alors inexistantes, l’Homme par ses transhumances, s’est assuré une répartition globale de notre planète. Se reproduisant tout au long de millénaires, il a assuré une certaine pérennité de la race humaine à force de métissages, et de brassage.Le nomadisme a lentement laissé sa place à la sédentarisation. Les trois cahutes sont devenues mégalopoles; les terres vierges, forêts de béton; les forêts originelles, terrains vagues insalubres, les premiers arrivants massacrés par les vagues successives, les conquérants, conquis à leur tour; les détenus, geôliers ; l’air pur, irrespirable…Vinrent ensuite les colonisations, les spoliations des ressources, les mainmises sur les richesses, les déplacements forcés ou l’anéantissement de millions de personnes, soit pas l’esclavagisme, ou par les épurements ethniques.


Et l’envahisseur se transforma en quelques générations en autochtone.Passez moi la simplification à outrance, mais s’il s’est trouvé sur ces territoires habités un personnage dénominateur commun, il s’agit bien du « On est ché nous’ sapiens». Et plus son degré de consanguinité  est élevé, plus son leitmotiv transpire de ses pores. Le crétinisme étant notoirement universel, la mode du jour, du mois, du siècle nous a concocté les « beaufs sans frontières ». Risibles qu’ils seraient, s’ils ne composaient pas le terreau d’où sont issues les plus nauséabondes vagues fascistes. Et au grand dam du plus élémentaire sens de dignité humaine, ces relents patriotiques, racistes et xénophobes essaiment dans les pays démocratiques, et leurs succès délégitiment cette si précieuse démocratie, trop souvent obtenue aux prix de sueur et de sang, fille de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.


Oui, ces « on est chez nous »,  les « t’as qu’à rentrer chez toi si … » et les succès des partis utilisant ce type de dialectique sont les métastases, les signes révélateurs  du retour du PIRE.Il suffit de regarder l’immensité infinie du ciel étoilé pour imaginer quelle portion de tête d’épingle est la part de notre si belle planète bleue. Et si on vous demande « où c’est chez vous », répondez sans crainte de vous tromper que la Terre est Votre terre. N’en déplaise aux bouseux…


Jean-Pierre Bodrito
Conseiller général
Député-suppléant
Sion


"La Voix des partisans" Le Peuple valaisan du 17 février 2011

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