vendredi 26 novembre 2010

Yaka yaka ?

La vox-populi est souvent la sentence suprême. Elle est celle qui, amorcée, puis alimentée par les innombrables médias et colporteurs de toutes sortes, condamne irrémédiablement à la peine exemplaire le coupable, le suspect, le bouc-émissaire de service. Et qu’importe si les rumeurs soient du vent. « On me l’a dit dans le bus », « ils l’ont dit à la pause », « c’était marqué dans le journal », « ils ont expliqué à la télé »…
 
Et le jury populaire délibère en deux temps trois mouvements. Sus aux sondages sérieux, au diable les procédures et le droit. « Il n’a qu’à », « ils n’ont qu’à », YAKA…

Condamner les lynchages tout en lynchant est devenu un sport national. « Trier le bon grain de l’ivraie », est une tâche que trop de nos semblables s’évertuent à accomplir, même si le grain et l’ivraie sont inconnus au bataillon.

Le chanvrier gréviste de la faim est un méchant, yaka le laisser crever. Le chien était l’agresseur, yaka l’euthanasier. Le pédophile était commandant de la police, yaka le gracier… Ah bon ? ben oui…

Simpliste me direz-vous; amalgames qui n’ont rien à voir me rétorquerez-vous.

Peut-être, sauf que…. Eh oui sauf que des jugements ont été rendus, et que force est de constater que si l’emblème de la Justice est une iconographie avec ses attributs, le glaive et la balance, cette même balance a une forte tendance à ne pas satisfaire aux lois de l’équilibre. Je ne parlerai même pas du rôle du glaive, qui s’apparente plus à une justice rendue par lapidation. 

Pourtant j’avais confiance en mon chirurgien, tout amateur de foot qu’il puisse être. Où va-ton si même cette confiance aveugle a de l’eau dans le gaz. Le médecin, l’instituteur, le juge, le gendarme, le curé, piliers des fondements de confiance ont du plomb dans l’aile. L’instituteur haut-valaisan avait confiance en l’équité, il avait cru s’y fier… Le prof de collège bardo-saviésan au catogan, pensait qu’il était le seul à pouvoir brocarder, il a été douché… Les servants de messe ne se sont pas méfiés un seul instant qu’un homme portant la robe y cachait son gros bouquin de prières.

Ils sont les superstructures de la morale, de la science, de la loi, de la justice, mais pourtant en écoutant la « rue », leurs statuts leur accordent encore l’immunité, malgré les trop nombreuses fissures qui les rendent désormais vacillantes.

Pour l’instant YAKA tanner les petits, les grévistes de la faim, les étrangers, les handicapés, les différents…

Jean-Pierre Bodrito
Conseiller général
Député-suppléant
Sion


"La Voix des partisans" Le Peuple valaisan du 25 novembre 2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire