vendredi 6 novembre 2015

Retour vers le… passé






 Alors que les habitants de notre pays ont pu se réjouir d’avancer, lentement, au prix de combats serrés, de désillusions et de belles conquêtes, dans l’acquisition de Droits sociaux tels que:



  • 1877 : La Loi Fédérale sur les fabriques  est acceptée. Elle interdit le travail des enfants de moins de 14 ans en fabrique et limite le temps de travail des ouvriers et ouvrières à 11h par jour.
  • 1919 : Déjà réclamée lors de la Grève Générale de 1918, introduction de la semaine de 48 heures.
  • 1947 : La Loi Fédérale sur l’Assurance-Vieillesse et Survivants (LAVS) est acceptée en votation. Cette mesure était aussi déjà réclamée lors de la Grève Générale de 1918.
  • 1959 : Le Parlement Suisse adopte la Loi sur l’Assurance-Invalidité (LAI). Cette mesure était demandée depuis plus de 35 ans.
  •  1964 : La Loi sur le travail  est votée. Elle accorde deux semaines de congés payés à chaque travailleur.
  • 1971 : Avec 65.7% de oui, les Suisses accordent le droit de vote et d’éligibilité aux femmes.


La Suisse a décidé de couper court. Stop et demi-tour.

Avec une participation nationale de 48.4 % les électeurs suisses ont choisi. Le Conseil national sera, pour ces 4 prochaines années, tout à droite. L’Union Démocratique du Centre et le Parti Libéral Radical, aidés par le Lega dei Ticinesi et le Mouvement Citoyen Genevois auront la majorité absolue.

Au-delà de la fierté de cette victoire, dont peuvent s’enorgueillir avant tout, les électeurs de l’UDC, grâce aux 11 sièges supplémentaires remportés, - le PLR  grignotant 3 nouveaux élus -, la dramatique conséquence de ce scrutin verra les classes moyennes et défavorisées de notre pays passer durement à la casserole.

Car que vont nous pondre ces nouveaux chantres du libéralisme à outrance ? Retraites à 67 ou 70 ans, taux de conversion LPP toujours plus bas, libéralisation des ouvertures des commerces, CCT sans cesse dénoncés et rabotés, les démantèlements sociaux programmés vont pouvoir prendre la vitesse supérieure, sans compter la pérennisation de centrales nucléaires d’un autre temps, ou le renvoi du tournant énergétique aux calendes grecques. Les recettes gagnantes qui avaient fait de la Suisse un bon équilibre entre « justice sociale » et productivité seront sacrifiées sur l’autel de cette autre recette composée de hauts rendements et profits immédiats, de racisme et de haine.

Mais en ont-ils eu conscience ces électeurs qu’ils sciaient la branche sur laquelle ils étaient assis, qu’ils jetaient aux orties 138 ans de progrès sociaux ? Se rendaient-ils seulement compte qu’ils étaient manipulés et influencés par les millions injectés par ces partis nantis ? La haine répugnante sans cesse diffusée par l’UDC ne leur a donc pas provoqué un soupçon de charité chrétienne, puisqu’ils s’en revendiquent?

La Suisse, pays le plus riche du monde n’a plus aucune ambition. Ses nouveaux dirigeants, choisis démocratiquement et dispendieusement par un faible pourcentage de ses électeurs, s’engagent désormais vers un  retour vers le… passé.

Et que dire de la majorité silencieuse? Si certains d’entre-eux, - les nombreux étrangers acteurs de l’encore réussite de la Suisse - n’ont pas le droit de s’exprimer, les autres, les absentionistes, ont perdu une fois de plus le droit de se plaindre.

Il me reste malgré tout encore quelque espoir. Le système politique helvétique étant à ce jour encore, de tous, le plus performant, je compte sur les partis du centre et bien sûr de gauche, pour être le plus réactif possible ; droit d’initiatives et surtout Référendums devront nous permettre, de même qu’à ceux qui se réveilleront avec la gueule de bois d’une nuit incestueuse, de contrer les volontés ultralibérales et isolationnistes destinées à nous renvoyer au XIXe siècle.

Si jusqu’à présent la Suisse était probablement trop opulente pour s’avouer que les avancées sociales étaient le fruit des luttes des socialistes et autres forces progressistes de ce pays, il est fort à parier, que seuls ces derniers, nous,  saurons être un rempart, le rempart. Retroussons nos manches, il va y avoir du boulot.


Jean-Pierre Bodrito
Sion

Le peuple.VS du 6 novembre 2015


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