Les personnes à sensibilité de gauche que nous sommes avons en commun un sens inné de la justice sociale, une volonté ferme de combattre les précarités, un rejet absolu de tout sentiment raciste, xénophobe et discriminatoire. Habités, par cette fibre empathique, nous sommes quotidiennement confrontés aux discours, théories et autres manifestes et campagnes de groupes pour qui l’exclusion et le rejet de l’autre sont un fond de commerce. Mais cette mouvance, sans cesse régénérée à la sauce populiste depuis des lustres, est identifiable, et la haine qu’elle véhicule, électoralement payante, permet au moins de compter celles et ceux, qui rejettent cette idéologie, qui ne devrait plus avoir de place dans une société dite civilisée. Dit ainsi, il devrait être aisé de poursuivre nos combats, les « adversaires » en la matière étant identifiés, sauf que…
Sauf que… n’avons-nous pas déjà entendu, dans nos « cercles des « chuis pas racistes, mais ceux-ci, j’peux pas les voir »… J’ai plus d’une fois été abasourdi des théories à relents racistes qu’il m’est arrivé parfois d’entendre dans des arrière-salles de bistrots où nous nous étions réunis, nous militants de gauche. Et ces mots prononcés pas les « nôtres » sont encore plus difficiles à avaler. Osons le dire, aussi chez nous, certain(e)s militant(e)s ont adhéré à notre parti sans en embrasser le sens. Comme il y a des familles démocrates chrétiennes ou radicales, il y a aussi des familles socialistes… avec tout ce que cela peut impliquer…
Il m’est arrivé tout récemment de participer à une réunion syndicale de ma branche professionnelle. Érodé par les effets des évolutions techniques, son salut doit passer (lui aussi) par une fusion avec un syndicat plus important. Cette séance réunissait donc les comités régionaux des deux futurs «mariés». Or s’il n’est écrit nulle part que ce type d’association doive obligatoirement défendre des idées de gauche, nous sommes en droit d’attendre des personnes engagées dans ces corporations, étant entendu qu’elles seront susceptibles de défendre n’importe quel demandeur, un sens irréprochable de l’acceptation de l’autre, indépendamment, de sa nationalité, de son origine ethnique, ou de sa religion. Quelle ne fut donc pas ma stupéfaction, je devrais plutôt dire mon écœurement de devoir entendre tout au long de la soirée, de la bouche d’une personne présente, et même pressentie à un poste à responsabilité au sein de son organisation syndicale, un chapelet, de « négro », « youyou », « bougnoules », « gitans ». Toute la haine du monde dégoulinait de ce triste personnage, qui se vantait d’appartenir au plus grand parti politique de Suisse. Et comme écho à ses insupportables mots, un assourdissant silence. Alors oui, je lui ai dit le fond de ma pensée, oui, je me suis énervé, oui, je l’ai insulté grossièrement, oui, j’ai claqué la porte et m’en suis allé.
Il n’aura suffit que d’un seul facteur déterminant pour que la Communication ne passe pas entre nous !
Décidément, que le chemin est encore long…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire