Tous égaux devant la douleur, huit ans plus tard ?

Les «média-réunis» nous ont servi en cette période de 11 septembre des commémorations richement imagées et commentées de l’effondrement des tours. Que reste-t-il en nous, après 8 années. J’avais alors commis, à chaud un courrier de lecteur dans le NF. Je vous le repropose ici.

***Ce mardi 11 septembre dernier, le monde entier a pu assister en direct à un horrible drame. Dépassant les scénarios les plus extravagants imaginables de politique-fiction, les USA ont été frappés en leur sein. Symboles au combien révélateur de leur politique extérieure, Manhattan et le Pentagone ont fondu et englouti sous eux des milliers de victimes innocentes. Drames humains, images poignantes diffusées en direct, tous ces ingrédients ont lié une sauce où l’émotionnel a atteint son apogée.

Victimes innocentes... pléonasme révélateur... toutes les victimes ne le sont-elles pas ?

Non, nous assistons ici à un exemple type de discrimination de la douleur et de la révolte. Sur une chaîne de télévision française étaient diffusées des images d’un lycée où le professeur tentait d’expliquer aux élèves qu’il fallait se sentir tous américains lors de pareils événements. Ce à quoi un jeune lycéen rétorquait que nous ne lui avions pas demandé d’être vietnamien, palestinien ou irakien...

Et oui, c’est là que le bât blesse...

Petit exercice de mémoire : en quelques mots, ou lieu :

·      Vietnam, napalm, victimes innocentes. (USA)

·      Chili, Pinochet, CIA, Kissinger, tortures, victimes innocentes. (USA)

·      Sabra et Shatylla, massacres, Ariel Sharon, victimes innocentes. (Israël.....)

·      Bagdad, bombardements, civils, victimes innocentes. (USA et alliés)

·      Belgrade, bombardements, civils, victimes innocentes. (USA et alliés)

·      Mille et une guerres éparpillées de par le monde dans l’indifférence la plus totale.

·      Chaque année, environ 18 millions de personnes, surtout des enfants, meurent de faim, de malnutrition et de causes connexes. (Environ 50 000 par jour).

Mais cette fois-ci les USA ont été frappés ; nous devrions intervenir, nous réveiller, pleurer, nous révolter, nous venger...

Dans son premier discours d’après attentat, Georges W Bush a prononcé ces trois mots : Dieu, Patrie, et vengeance ; ces mêmes mots qui sont régulièrement “donnés” par les probables organisateurs des attentats.

Les USA ont toujours voulu ménager la chèvre et le choux, garder le beurre et l’argent du beurre tout en exploitant la crémière. N’ont-ils pas armés et installés les Tallibans et Ben Laden? N’ont-ils pas aidé l’Irak lors de sa guerre contre l’Iran? Tout cela au nom de La Liberté et du bien? Ou plutôt au nom du Dieu billet vert?

La guerre froide EST-OUEST est aux oubliettes, la confrontation NORD-SUD ou riches-pauvres est apparue. La mondialisation et le libéralisme sauvage sont du terrorisme pour la dignité humaine. Tentez de vous en opposer et vous verrez les réactions ; Gênes s’en souvient encore.

Ce soir j’allumerai une bougie pour TOUTES les victimes de TOUS les terrorismes.

Ce soir j’allumerai une deuxième bougie pour un défenseur des libertés, lui aussi victime du terrorisme : Le Commandant Massoud.***


Huit ans, et qu’est-ce que j’y rajouterai aujourd’hui à ce billet d’alors? Peut-être que ce 11 septembre était aussi la date de l’assassinat de Salvador Allende, ou alors que j’allumerai une bougie dans l’espoir de voir de mon vivant un « fils » de Martin Luther King accéder à la Maison Blanche. Mais 8 fois 18 millions de personnes sont mortes depuis de ne pas être nées au « bon » endroit. Mais dites-moi, le progrès, c’est pour quand ?