vendredi 4 novembre 2011

Vautours, complices

Etatisation des pertes, privatisations des profits, combien de fois ces derniers mois, ces dernières années, ce processus fort discutable, si ce n’est proprement scandaleux a dû être mis en œuvre pour limiter quelque peu les casses que les néo-libéralismes et capitalismes à outrance ont imposé à nos sociétés. Sous prétexte de vouloir favoriser la libre entreprise, les chantres de l’Economie financière, et du tout au profit immédiat ont depuis bien longtemps pris en otage le politique en s’incrustant par lobbysme interposé ou carrément en faisant élire des vautours affameurs de Peuples.

Car ne nous détrompons pas, le rôle actuel des gauches, notre rôle, s’est pratiquement transformé de celui du conquérant de plus de justices sociales à celui de résistant, de garde-fou, de défenseur des acquis sociaux, constamment sabordés par les droites, centre-droit compris.

Alors que nous avions entendu à longueur de décennies, que nul salut n’existait hors du capitalisme, garant des libertés, alors, que notre pays, entre-autres, s’enorgueillit de son secret bancaire, même si celui-ci le rendait complice des pires crimes, alors que nos complexes de supériorité immatriculés « y’en a point comme nous », nous isolaient, alors que peinions à lire une réécriture de l’Histoire, qui nous décrivait finalement moins blancs que l’argent que nous blanchissions, surgit un grand bouleversement, un choc qui révéla toute la toxicité que pouvait provoquer le choix de primer d’avantage l’argent sur le travail, l’artificiel sur le concret, la spéculation sur la raison. L’explosion des bulles spéculatives et la crise des subprimes intervinrent. Donc l’ETAT dut.

Notre grande UBS, comme avant elle, la « meilleure des compagnies » Swissair, risquait de faillir. Pourtant pas si « Too big to fail »… Et voilà qu’en quelques jours, l’Etat  «providence» sauva ce fleuron bancaire helvétique. Et les criminels qui l’amenèrent à la déroute ne furent pas le moins du monde inquiétés, si ce n’est une obligation pour certains d’entre-eux de prendre des retraites plus que dorées que leur assuraient les parachutes dorés que payèrent finalement les contribuables.

Pourquoi évoquer ces évènements maintenant ? A la mi-septembre, les médias nous ont informés que l’UBS n’avait perdu pas moins de 2 milliards de dollars au casino, pardon, en spéculant. Un de ses traders, K. A, qui travaillait à Londres sur des produits financiers complexes, aurait parié jusqu’à 10 milliards de dollars, et donc perdu un cinquième de ses mises. Ce salarié de l’UBS, avec la bénédiction officieuse de sa direction, spéculait sur la montée fulgurante du Franc suisse au détriment de l’Euro. La décision de la BNS de fixer un cours plancher à CHF 1,20 provoqua les pertes que nous savons. Donc, l’UBS qui fut sauvée par la Confédération, spécula sur le franc suisse et se rendit complice des gravissimes répercussions sur l’industrie d’exportation et sur le tourisme. Quelle gratitude, ou plutôt quelle bande de pourris. Et voilà un autre Directeur qui s’en va avec un parachute que vous et moi avons financé.

En conclusion, comment s’étonner qu’à l’annonce de la fixation de taux plancher par la BNS, les partis bourgeois, UDC et PLR en tête se sont insurgés ? Ceci explique cela, et mon début de texte…

Je ne verrai donc aucun mal, par réciprocité, à ce que pour une fois, les grandes banques effacent les dettes de certains pays en grande difficulté, créances qui par ailleurs s’apparentent à de l’usure.


Jean-Pierre Bodrito
Conseiller général
Député-suppléant
Sion

PS : retournements de situations, Sarkozy et Merkel sont favorables et proposent une taxe sur les transactions financières. Et dire qu’ATTAC, accusée des pires «perversités» avait été créé justement pour promouvoir cette fameuse taxe Tobin.

"La Voix des partisans" Le Peuple valaisan du 4 novembre 2011

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