Camarades, Compañeros, Compagni, Genossen…

Ce 14 avril, le Parti Socialiste Suisse organisait à Berne, à l’instigation de Monsieur Osman Osmani, ancien député au Grand Conseil schaffhousois, un séminaire sur la Migration. Au programme de la journée figuraient trois thèmes principaux, soit le renforcement de la collaboration avec les sections  suisses des partis frères, l'organisation du "PS migrant-e-s" et intégration des camarades d'origine étrangère naturalisé-e-s et non naturalisé-e-s au sein du PS (collaboration avec les organisations des diverses diasporas, FIMM, associations culturelles, Second@s Plus, Sans Papiers). Enfin le Papier de propositions du PSS, sur la politique migratoire. Y étaient en autres conviés des membres et proches du PSS, double-nationaux et étrangers, ainsi que des représentants des organisations citées plus haut. C’est en qualité de double-national « Secondos » que j’y fus invité.

Si le Papier des propositions du PSS sur la politique migratoire a suscité un court débat passionné, je n'en parlerai pas maintenant, nous aurons maintes occasions d'y revenir d'ici début septembre et le congrès de Lugano, tant le consensus est loin d'être acquis. Je m'étendrai plus volontiers sur les deux premiers thèmes de ce séminaire.

L'ambiance fut là aussi "vitaminée". Des représentants des partis frères, dont principalement « il Partito democratico » italien, le « PSE » espagnol, le « PS » français ou le « SPD » allemand nous exposèrent l'état de leur implantation en Suisse. Si les Italiens de part l'importance de leur diaspora comptent plus de 18 sections cantonales ou régionales, les autres pays sont en voie d'expansion, avec deux ou trois sections chacun. Les modes de scrutin spécifique à chaque pays avec droits de vote ou d'éligibilité sont autant de facteurs qui incitent les citoyens, souvent aussi double-nationaux de ces pays à approcher leurs organisations ou partis. Un cas particulièrement exemplaire est celui de Monsieur Claudio Micheloni, résidant neuchâtelois, ancien enfant "sans-papier" qui a réussi à se faire élire à deux reprises au Sénat italien sur la liste du PDI, dans la circonscription "Europe".

Le deuxième sujet de ce séminaire traitait de la participation active ou non des Migrants, soit l'organisation du "PS Migrants-e-s", à l'image des JS ou des Femmes socialistes. Plusieurs prises de paroles dénoncèrent le risque de cloisonner plutôt que d'intégrer ces nouveaux Camarades, Compañeros, Compagni, Genossen… Une ligne obligatoire ne devrait selon moi pas être imposée, tant les spécificités cantonales et communales divergent, le succès des recrutements déterminerait alors l’opportunité d’organiser ces « cellules ».

Aujourd’hui déjà un certain nombre de double-nationaux, naturalisés, deuxième et troisième générations, sont élus au Parlement fédéral, dans les Exécutifs et législatifs cantonaux et communaux à travers la Suisse. Italiens, Français, Espagnols, Turcs, Kosovars d’origine et j’en passe se présentent sur des listes électorales, se font élire et font avancer notre Pays. Cette richesse, cette multi-culturalité est une grande chance pour la Suisse, et une opportunité de remplacer la naphtaline par de l’air frais et vivifiant. Si d’autres acceptent au mieux d’assimiler, nous, Socialistes, voulons intégrer. Et en attendant d’atteler notre pays au XXIe siècle en accordant les droits de vote et d’éligibilité aux ressortissants étrangers établis, chose qui tôt ou tard, n’en déplaise à nos barbus à nous, finira inéluctablement par arriver, aidons, parrainons, accompagnons nos amis, nos voisins, avec ou sans accents à nous rejoindre. Leurs expériences et leurs avis nous intéressent. Leurs besoins légitimes sont déjà nos préoccupations, avec eux nous les défendrons encore mieux.

Pour qu’ils ne deviennent jamais de ces « ex-étrangers » amnésiques qui crachent sur les nouveaux arrivants, et adhèrent à… Mais bon, le racisme, cette tare, tu l’as en toi ou pas…

Jean-Pierre Bodrito

Conseiller général

Député suppléant

Sion

La "Voix des partisans" Le Peuple valaisan du 4 mai 2012